Le Labyrinthe de Pan

C’est le film que nous sommes allés voir recemment. Et c’est un pur bonheur.

Nous sommes allés le voir en VO. Et c’était en espagnol. Je tiens à signaler que mon amoureux ne parle pas un mot espagnol.. et qu’il a quand même apprécier le film.. Comme quoi, les barrières de langages, on se les monte tout seul des fois.
C’est un film qui traite à la fois de l’horreur de la guerre, en l’occurence de la guerre d’Espagne, et le franquisme. Et de l’imaginaire d’une petite fille, Ofelia.
Son beau père interprété par l’excellentissime Sergi Lopez, inquiétant à souhait, est un soldat à la solde de Franco, exterminateur de maquisards, un homme monstrueusement attaché à ses principes. Sa mère est une très belle actrice, enceinte jusqu’aux yeux, veuf du père légitime de la petite fille.
On demande d’ailleurs à la petite Ofelia d’acceuillir cet homme comme son père. Un homme abject, qui n’a l’air de n’aimer personne. Peut être même pas lui même.
Comme un écho à l’Espagne tout entière à qui l’on demande de voir en Franco un nouveau père.
Si le parallèle ne parait pas évident, il faut dans ce cas voir dans la fuite vers le monde du conte de fées de Ofelia, une fuite dans une résistance passive mais salvatrice. Tout comme les maquisards face à la folie destructrice de Vidal, cachés dans la forêt, attendant patiemment de mettre fin à ses agissements, et indirectement à ceux de Franco.
Il y des épreuves que la petite doit traverser pour enfin rejoindre le monde dont elle est issue. En effet, c’est une princesse, et ses parents, le Roi et la Reine de l’Autre monde attendent son retour depuis très longtemps. Depuis qu’elle s’est enfuie de sa terre natale, pour rejoindre les humains, des mortels de surcroit!, elle perd de son essence magique. Et devenir complètement humaine la couperait définitivement de son monde.
Ca c’est la version de Ofelia. Et de la légende. Un monde féerique, peuplé de créatures étranges, de crapaud trop gourmand et d’ogres mangeurs d’enfants.
Il y a un labyrinthe près du village que rejoignent Ofelia et sa mère. Un labyrinthe où Ofelia rencontre donc le Faune. Un satyre, mi-bouc mi-bête à corne. Rien à voir avec Pan soit dit en passant. Il est cornu. Il nous fait irrémédiablement penser au diable. Au mal. Et on voit d’ailleurs se profiler l’innocence de la fillette bafouée par le Malin, l’imminence de sacrifices humains, les pires horreurs. Le conte de fée deviendrait alors un cauchemar. La fillette trahie par son monde imaginaire.
Or on est loin de tout ça.
Le Malin n’est pas celui qu’on croit. Les horreurs ne sont pas dans les contes de fées. Car il faut bien se dire que normalement ces mêmes contes de fées sont horribles: les ogres, les monstres qui mangent les enfants, les sorcières, les meurtres sans pitié, les loups mangeurs de grand mères, c’est bien dans les contes pour enfants. Dans les traditions orales, on perpétue les croyances, les mythes où il est quand même question de monstres, les peurs ancestrales sont véhiculées, lues, dites, pour exorciser les peurs intestines, viscérales, qui sommeillent en chacun de nous.
Or ce n’est pas les contes de fées qu’Ofelia rencontre les pires monstres.

C’est un conte pour adultes. Il est dur, triste, et tellement beau.

Chacun aura sa vision du film. Certains y verront une fin féerique. Moi pas.

PS: J’ai eu 31 ans. Et j’ai revu des amis. C’était bien.
Il faut que je raconte mon taf. Un jour.